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1. UNE HISTOIRE DE SOUPAPE (1ier Episode) L'inauguration

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Message  Quichotte Lun 25 Sep - 12:50

Premier épisode : La gestation - l’inauguration

Nous sommes donc le 1ier mai 1978, lorsque j’ai l’idée d’ouvrir un lieu de spectacles et de rencontres. Une idée saugrenue, une idée un peu folle. Mais, comment cette idée a-t-elle surgi dans ma tête ? Pourquoi en suis-je arrivé là ?

Depuis longtemps, j’aime bien les relations sociales. Les relations avec mes collègues de bureau ne sont pas très satisfaisantes. Nous ne parlons que du boulot. C’est comme si le monde extérieur n’existait pas.

D’autre part, comme raconté précédemment, depuis de nombreuses d’années, je fais partie d’une troupe de théâtre étudiante. Nous nous voyons chaque semaine d’octobre à mars pour préparer un spectacle. Je vis intensément les moments de répétition, de représentation. De plus, l’organisation me plait aussi beaucoup. Mais ce n’est pas suffisant. Il me faut plus. J’aurais envie que cela dure tout le temps, toute l’année.
Par ailleurs, posséder un lieu, cela me permettrait de rencontrer des gens sans sortir de chez moi (je suis aussi paresseux !).

Je parle de mon projet à plusieurs amis. J’écoute attentivement leurs avis. Les uns fort enthousiastes, les autres plutôt alarmistes. Je réfléchis beaucoup et met sur papier toutes les idées qui me viennent à l’esprit. Je vais aussi voir des endroits qui pourraient ressembler à celui que j’aurais envie d’ouvrir. Je collecte des renseignements sur la manière de fonctionner. Le projet prend forme. Un plan de travail est rédigé. Petit à petit, je me rends compte que cela peut fort bien marcher. Puis un jour, c’est décidé, je fonce.

Après deux mois de préparation, il me faut maintenant chercher un lieu : les petites annonces, les visites. Certains quartiers de Bruxelles sont quadrillés.
Puis un beau jour, au mois de juillet, en circulant en voiture dans les rues autour de la place Flagey, je tombe sur une affiche apposée sur la porte du garage d’une toute petite maison :
« A louer. Maison + Garage ou Atelier ». Le rez-de-chaussée est occupé par un studio de photos et les deux étages sont destinés au logement. Le loyer n’est pas trop élevé. C’est miraculeusement tout à fait ce qui me convient.

Avec quelques amis, nous réfléchissons à l’aménagement, le matériel, la décoration. Il n’y a pas grand-chose à faire. Il suffit d’y mettre quelques tapis, des tables, des chaises, quelques gros fauteuils, trois projecteurs, une sono de salon, un enregistreur stéréo et deux micros.
Je n’achète pratiquement rien, tout est récupéré à gauche et à droite. Un ami un peu plus compétent installe l’électricité. Et c’est terminé !

Pour être en règle avec l’administration, nous créons une ASBL. Elle s’appellera pompeusement : « Centre de Rencontres et d’Animations Artistiques ». Cela fait sérieux. J’aime bien que le mot ’rencontre’ se trouve dans le nom. D’ailleurs, il correspondra à une réalité. Un nombre incroyable de personnes qui ne se seraient sans doute jamais rencontrées, feront connaissance par l’intermédiaire du lieu, et ce parfois même de façon indirecte. Des rencontres amicales, professionnelles, amoureuses,…qui en marqueront plus d’un !

Parmi les fondateurs, il y a notamment Patrick Bonté qui dirige le Jeune Théâtre de l’ULB, Paul Huygens, qui faisait partie de la troupe de théâtre et actuel directeur du Music Village, Marie Cosse, un ami caméraman à la RTBF, Jacques Duesberg...
Mais le nom de l’Asbl n’est pas très accrocheur pour un lieu de spectacle ! Il faut en trouver un autre. Lors d’une réunion, des noms fusent de toutes parts.

J’aime bien le mot « Soupape ». Il suggère bien l’image d’un défoulement, d’une explosion. A la fois pour les autres et pour moi-même. Pour moi, c’est en relation directe avec l’existence que je mène au bureau, et pour les autres, il y a cette possibilité de se laisser aller, de se lâcher, tant pour les futurs spectateurs que pour les futurs artistes et ce dans le plaisir ou l’émotion. Car il faut que le plaisir soit la notion essentielle.
Au nom «Soupape», nous ajoutons le mot « piston », pour y mettre une touche musicale : « La Soupape à pistons ». Cet ajout sera finalement supprimé à la dernière minute, peu avant l’ouverture.

En même temps, nous réfléchissons à la programmation. Chacun d’entre nous connaît l’un ou l’autre artiste. Après avoir été contactés, tous sont enthousiastes et sont d’accord pour essuyer les plâtres : un groupe de musiciens classiques, la chanteuse ANN GAYTAN, un spectacle cabaret du Jeune Théâtre de l’ULB, un conférencier, une rencontre avec un réalisateur de film, un groupe de jazz, un récital de sitar,... Il y a aussi une exposition de peinture, une soirée cinéma,…On est vraiment très gourmand ! On fonce tout azimut !
Un dépliant avec le programme est édité et envoyé à toutes nos connaissances.
Quelques jours avant l’ouverture, Jacques Brel vient de mourir…

L’INAUGURATION

Enfin, le grand soir est arrivé. Nous sommes le 20 octobre 1978. C’est la grande foule ! Les spectateurs sont les amis de chacun d’entre nous. Le prix d’entrée est fixé à 40 F. Les lampes de la salle s’éteignent. Les trois seuls projecteurs s’allument. C’est parti, l’aventure peut commencer…Derrière le bar, une série d’amis. Ils se relayeront semaines après semaines.

Mais la programmation n’est faite que pour deux mois ! Maintenant, il faut continuer et prévoir la suite ! Heureusement, le bouche à oreille fonctionne vite et bien. Plusieurs chanteurs et artistes me contactent. Ils sont intéressés de se produire dans ce nouveau lieu.
Comme je ne les connais pas, je vais en voir certains chanter dans différents endroits. L’une d’elle se produit dans une boîte près du Sablon à l’occasion d’une fête organisée pour ses 18 ans. Mais qu’est ce qu’elle chante bien ! OK. Elle peut venir ici. Son nom : Claudie Claude ! Elle reviendra d’ailleurs régulièrement pendant plusieurs années. Elle changera aussi de nom, d’abord Claude Maurane, puis MAURANE, tout court !

Je ne peux malheureusement pas tous aller les voir. A certains, je demande donc de venir passer une audition. C’est très pratique, mais j’apprends vite que c’est surtout très délicat. Le chanteur sonne, j’ouvre la porte et je découvre quelqu’un que je n’ai jamais vu. Généralement, il vient avec sa guitare. Un premier contact, une première impression. Je suis d’abord souvent mal à l’aise. Avec certains, le contact passe tout de suite très bien, avec d’autres moins ou alors pas du tout. Selon les cas, c’est ensuite facile ou bien fort difficile de l’écouter avec une certaine objectivité, sans à priori.

Une fois installé sur la mini scène, le chanteur commence à interpréter ses chansons. Je sens qu’il a le trac. Et c’est à cause de moi ! Assis dans la salle, je regarde, j’écoute. Je n’y connais pas encore grand-chose. C’est un véritable supplice. En plus, je vais devoir faire des commentaires ! C’est bien évidemment assez facile lorsque je suis emballé, sinon…

Un soir, une chanteuse arrive. Elle est toute menue. Elle a de grands yeux noirs. Elle est fort belle. Tout de suite, je suis séduit. De plus, elle est super sympa. Elle commence à chanter en grec. Extraordinaire. Quoi ? Elle voulait passer une audition ? Elle me raconte ensuite tout son parcours ! Je suis gêné. Elle s’appelle ANGELIQUE IONATOS. Elle me fera l’amitié de venir spécialement de Paris, où elle partira vivre plus tard, pour chanter à l’occasion du 10ème anniversaire de la Soupape.
Lors de cette mémorable audition, elle est accompagnée de son ami, JEANPICO, un fabuleux montreur de petits objets et de petites marionnettes. Il viendra ici pendant une quinzaine d’années créer pratiquement tous ses spectacles : « One mythoman show », Sans parole », « Petit », « Comédie ou l’opéra d’un fou ». Ensuite, il arrêtera brusquement de faire des spectacles.

Les premiers mois, la plupart des artistes qui fréquentent les autres lieux se produisent ici : Ann Gaytan, José Narvaez, Isabelle Rigaux, Jeanpico, Stanislas, Marc Herman, Claudie Claude, Angélique Ionatos, Claudine Dailly, Jean Pierre Defraigne, Daria de Martynoff,…

Certains artistes deviendront des habitués de la maison. Ils s’y produiront très régulièrement.

Anecdote : J’avais entendu dire, un jour, que l’un d’eux, qui avait quitté la Belgique en 83 pour retourner en France, était décédé après avoir été longtemps malade. Et voilà que dernièrement, je reçois un mail : « Et bien non, je ne suis pas mort ! ». Pratiquement 20 ans après, j’apprends que José Narvaez vit toujours et qu’il habite dans le Midi !

Rien que durant la première saison, plus d’une soixantaine de récitals, concerts, spectacles différents ont été programmés !!! Nous étions particulièrement gourmands !! Je n’en reviens pas moi-même ! Et, vérification faite, ce rythme durera pendant plusieurs années !

Le lieu n’est ouvert que le vendredi et le samedi. Il est vrai qu’il me serait difficile de l’ouvrir plus, car je travaille toujours à mon bureau. Les artistes ne se produisent qu’un seul soir, très rarement deux. De la sorte, les soirées sont presque toujours complètes.

Petit à petit, je deviens plus sélectif. Car, si au début, la porte est ouverte à un peu tout le monde, je me rends compte, après quelques déceptions, que je dois absolument faire une sélection. De plus, si les spectateurs passent une mauvaise soirée, ils ne reviennent plus. J’apprends que pour les fidéliser, il faut absolument que la soirée soit réussie et que chaque fois ils en ressortent contents.

Petite précision concernant le terme CAFE THEATRE.

Au moment de l’ouverture de la Soupape en 1978, il n’existait pas, à Bruxelles, de lieux dénommé « Café-théâtre » comme il en existait à Paris depuis une quinzaine d’années.
Il existait des « boîtes à chansons », dont la plus connue était le « Grenier aux Chansons », des « Cabarets » et des « Cafés- concert ». Comme nous avions l’intention de programmer une grande variété de genres artistiques tels que la chanson, le théâtre, l’humour, le jazz, la musique classique, les musiques du monde, le seul en scène,…, il fallait trouver une appellation plus adéquate. Nous avons donc pensé à la dénomination assez large de « Cabaret -Théâtre ».
Mais après avoir entendu certaines personnes croire, à cause du mot « Cabaret », qu’il s’agissait aussi d’une boîte à strip tease (!), nous avons, en fin de compte choisi la dénomination « Café-théâtre », faisant ainsi référence au terme plus sérieux utilisé à Paris, même s’il n’était pas tout à fait adéquat.

Actuellement, on trouve des lieux appelés « Café-théâtre » avec tantôt la configuration d’une petite salle de théâtre avec des rangées de sièges, tantôt des salles avec des tables et des chaises. Le point commun est néanmoins la variété des styles programmés. Souvent tous s’y retrouvent avec, selon les lieux, une préférence pour l’un ou l’autre genre.

En tous cas, peu de personnes savent encore que c’est la Soupape qui a lancé l’utilisation de ce terme à Bruxelles !

Suite au prochain épisode intitulé « Après les plâtres de la première année, les années 80 ! »
Quichotte
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